Dépistage du cancer du col de l’utérus : spécialistes belges dénoncent le changement prévu et plaident en faveur du co-testing

Une nouvelle étude indépendante le confirme : le co-testing est plus efficace et moins cher

Bruxelles, le 13 octobre 2023 - En 2024, la Belgique passera de la cytologie au test HPV en dépistage primaire du cancer du col de l’utérus chez les femmes de trente à soixante-cinq ans. Dans une lettre ouverte, un groupe d’éminents pathologistes et autres spécialistes belges dénonce cette évolution et plaident en faveur du co-testing, une combinaison des deux méthodes, comme alternative plus efficace et moins chère. Une nouvelle étude de l’institut Aquarius Health sur les coûts et bénéfices du co-testing pour notre pays vient appuyer leur position.

Depuis 2013, en Flandre, dans le cadre du programme régional de dépistage du cancer, les femmes entre 25 et 64 bénéficient tous les trois ans d’un test de dépistage du cancer du col de l’utérus, gratuit pour la patiente. De son côté, la Wallonie a lancé un vaste programme-pilote de dépistage de la population sur trois ans, aux mêmes conditions. Ce dépistage repose sur la cytologie : le prélèvement d’un fragment de tissu du col de l’utérus pour détecter la présence de cellules anormales, (pré-)cancéreuses.

« En matière de dépistage du cancer du col de l’utérus, la Belgique fait figure de chef de file. Cette position, nous la devons à des années d’investissements et au développement de la méthode dite de “cytologie en milieu liquide” ou “cytologie en couche mince” qui, en combinaison avec l’intelligence artificielle (IA), donne des résultats d’une sensibilité et d’une spécificité d’au moins 90 %. Ainsi, le cancer du col de l’utérus est presque devenu une maladie rare en Belgique, avec une incidence en baisse depuis une vingtaine d’années et une mortalité touchant quasi exclusivement des femmes non dépistées », affirme Dr Romaric Croes, pathologiste à l’AZ Sint-Blasius et vice-président de la Belgian Society of Pathology.

Non représentatif pour la Belgique

Pourtant, le gouvernement fédéral a décidé il y a quelques années de changer de cap : à partir de 2024, nous passerons de l’examen cytologique au test HPV (papillomavirus humain) en dépistage primaire pour les femmes de 30 à 65 ans. Avec cette décision, fondée sur un rapport obsolète du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sorti en 2015, la Belgique va à l’encontre de l’évidence croissante sur le co-testing comme méthode de dépistage la plus efficace.

« La plus grande étude rétrospective sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, menée par Quest Diagnostics, a démontré que pas moins d’un cas de cancer du col de l’utérus sur cinq n’était pas détecté par le test HPV seul. L’ajout de l’examen cytologique permettait de détecter a posteriori 70 % de ces cas “manqués” », poursuit Dr Romaric Croes.

Contreproductif sur le plan tant médical que financier

Le HPV ayant tendance à disparaître spontanément, on risque notamment de passer à côté de cancers à des stades plus avancés, stades où le virus a disparu et n’est donc plus décelable. À l’inverse, des tests HPV positifs en raison d’une banale infection à papillomavirus, sans cellules anormales, peuvent être source de stress inutile et de traitements de suivi superflus, qui pèsent sur le budget de nos soins de santé. Passer au test HPV en dépistage primaire s’avère donc risqué et contreproductif, non seulement pour la santé des femmes mais aussi sur le plan opérationnel et budgétaire : si la part du budget fédéral requise par les laboratoires et pathologistes belges se limite aujourd’hui à 27 millions d’euros par an, le recours au test HPV en dépistage primaire porterait ce chiffre à plus de 40 millions.

Une solution efficace et neutre sur le plan budgétaire

Avec le co-testing, qui consiste à associer l’actuel examen cytologique à haute performance à un test HPV, on dispose pourtant d’une solution efficace et neutre sur le plan budgétaire, combinant le meilleur des deux méthodes. Les deux tests peuvent être réalisés simultanément, sans incidence logistique ou opérationnelle significative, mais avec la garantie d’une probabilité de détection maximale à un prix total comparable, voire inférieur dans certains cas.

C’est ce que confirme une nouvelle étude « Health Economic Modeling » (étude HE) indépendante d’Aquarius Health, laquelle a étudié les coûts et bénéfices des deux méthodes de dépistage – test HPV en dépistage primaire et co-testing – et qui démontre que, en Belgique :

1. Le co-testing permettrait de détecter plus de (pré-)cancers que le seul test HPV en dépistage primaire :

  • 10 924 lésions précancéreuses CIN2+ et 8 199 lésions cancéreuses CIN3+ avec le co-testing, contre
  • 8 573 lésions précancéreuses CIN2+ et 6 597 lésions cancéreuses CIN3+ avec le test HPV en dépistage primaire ;

 

2. Le co-testing aurait, pour le gouvernement, eu égard au remboursement et au coût des tests actuels, un coût par (pré-)cancer détecté inférieur à celui du test HPV en dépistage primaire :

  • en moyenne 5 381 € avec le co-testing, contre 7 650 € avec le test HPV en dépistage primaire par lésion précancéreuse CIN2+ détectée ;
  • en moyenne 7 169 € avec le co-testing, contre 9 942 € avec le test HPV en dépistage primaire par lésion cancéreuse CIN3+ détectée.

 

« En tant que spécialistes du terrain, nous appelons une nouvelle fois, et avec insistance, nos décideurs politiques à ne pas négliger ces arguments, mais à les prendre à cœur et à revenir sur leur décision. Ce, dans l’intérêt de la santé de nos femmes et par extension de tous les Belges, qui méritent une utilisation efficace de nos ressources publiques, surtout dans le contexte budgétaire actuel », conclut Dr Romaric Croes.

 

Signataires de la lettre ouverte :

Dr Romaric Croes, pathologiste à l’AZ Sint-Blasius et vice-président de la Belgian Society of Pathology

Prof. Dr Birgit Weynand, pathologiste à l’UZ Leuven et vice-présidente de la Belgian Society of Pathology

Prof. Dr Claire Bourgain, pathologiste à l’AZ Imelda et secrétaire de la Belgian Society of Pathology

Prof. Dr Shaira Sahebali, pathologiste à l’UZ Brussel et présidente du groupe de travail Cytologie de la Belgian Society of Pathology

Prof. Dr Jean-Christophe Noël, pathologiste à l’Hôpital Érasme

Prof. Philippe Delvenne, pathologiste au CHU de Liège

Prof. Dr Koen Van de Vijver, pathologiste à l’UGent

Prof. Dr Ramses Forsyth, chef pathologie UZ Brussel

Prof. Dr Senada Koljenovic, chef pathologie UZ Antwerpen

Prof. Dr Peter van Dam - coordinateur médical Multidisciplinary Oncology Center Antwerp, coordinateur médical Gynecological Oncology and Senology UZ Antwerpen

Prof. Dr Marc Van Ranst, virologue à l’UZ Leuven

 

Paul Geens

Paul Geens

PR consultant, Evoke

 

 

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