2025 : une bonne, mais pas une merveilleuse année boursière selon ABN AMRO
- Les actions sont prometteuses dans un contexte de croissance modeste mais positive
- Incertitudes quant à l’effet du second mandat de Trump sur l’économie
- Une baisse continue des taux d’intérêt est profitable aux obligations européennes de qualité
Les investisseurs ont de nombreuses raisons d’être assez optimistes à l’aube de cette nouvelle année. Bien que la croissance ait marqué le pas, l’économie américaine reste en bonne santé. L’économie européenne connaît davantage de difficultés, mais en Europe aussi, la récession est encore loin. Les projets politiques de Donald Trump, réélu président, comportent des risques. Les investisseurs ont donc tout intérêt à rester vigilants. Ce sont les mots d’ABN AMRO MeesPierson, extraits de son document de stratégie d’investissement pour 2025, publié aujourd’hui et intitulé « Opportunités et risques d’investissement à l’ère de Trump 2.0 » (lien).
Un optimisme modéré au sujet de l’économie
« Nous nous attendons à ce que l’atterrissage en douceur de l’économie américaine se poursuive en 2025 », affirme Erik Joly, économiste en chef chez ABN AMRO Private Banking en Belgique. « Cela signifie un déclin de la croissance et de l’inflation, sans que l’économie n’entre en récession. Mais malgré le ralentissement de la croissance, l’économie américaine se porte bien. Plus près de nous, l’économie de la zone euro est en difficulté. Cela se voit notamment dans le secteur manufacturier, qui souffre de la faiblesse de la demande intérieure. Néanmoins, on n’attend pas de récession en Europe au cours des prochains trimestres. Dans nos prévisions, nous envisageons une croissance modeste mais positive. »
Il est trop tôt pour faire un tri en prévision de Trump 2.0
Toutefois, ABN AMRO MeesPierson souligne que les règles du jeu pourraient changer si Donald Trump durcit les politiques commerciales et migratoires des États-Unis. Dans son scénario de base, la banque privée part du principe que l’administration Trump augmentera progressivement les droits de douane à l’importation à partir du deuxième trimestre 2025. Cela pourrait entraîner un ralentissement de la croissance économique plus tard dans l’année.
ABN AMRO MeesPierson reconnaît que Trump pourrait adopter des politiques plus strictes que ce qu’envisage la banque dans son scénario de base. Les investisseurs ont donc intérêt à rester vigilants. La banque estime toutefois qu’il est trop tôt pour anticiper les risques d’une présidence Trump 2.0. Il reste encore beaucoup d’incertitudes, selon Joly : « La question est de savoir quel Trump nous verrons dans les années à venir : le partisan de la ligne dure de la campagne ou le négociateur en quête de compromis. De notre point de vue d’investisseurs, nous nous concentrons sur ce que l’on sait. L’économie croît, les taux directeurs baissent et nous nous attendons à une évolution positive des bénéfices des entreprises en 2025. Même si Trump adopte une ligne dure, cela pourrait avoir un effet positif dans un premier temps, avant d’entraîner des conséquences plus douloureuses après quelques trimestres. La situation économique sous-jacente est favorable dans l’ensemble, ce qui est également positif pour les actions. »
Une préférence pour les actions américaines
ABN AMRO MeesPierson entre donc dans la nouvelle année avec une légère surpondération en actions. La banque privée préfère les actions américaines aux actions européennes. Joly déclare : « nous pensons que la croissance économique aux États-Unis sera encore une fois plus élevée en 2025 que dans la zone euro. Les entreprises américaines afficheront donc une belle croissance de leurs bénéfices. Notre positionnement concernant les marchés émergents est neutre, en partie parce que l’économie chinoise affiche des performances hétérogènes. Et on ne sait pas dans quelle mesure les mesures incitatives du gouvernement chinois auront un effet. »
Opportunités dans les technologies de l’information et les institutions financières
Au niveau sectoriel, ABN AMRO MeesPierson voit des opportunités dans les technologies de l’information, entre autres. Les perspectives de croissance des entreprises informatiques sont favorables, grâce à des tendances de fond telles que la numérisation et l’essor de l’IA générative. La banque évoque ici la prochaine phase du développement de l’IA. Jusqu’à présent, les investisseurs se sont concentrés principalement sur les actions des « facilitateurs d’IA » : les entreprises qui facilitent l’utilisation de l’IA, telles que les fabricants de semi-conducteurs. Au cours de la prochaine phase, ABN AMRO MeesPierson prévoit que les entreprises appliqueront l’IA de plus en plus efficacement, y compris dans la structuration et l’analyse des données. Cela crée de nouvelles opportunités d’investissement.
ABN AMRO MeesPierson est tout aussi positif en ce qui concerne le secteur des institutions financières. Bien que la Réserve fédérale ait fortement relevé les taux d’intérêt en 2022 et 2023, l’économie américaine résiste relativement bien. En outre, les consommateurs américains continuent de dépenser leurs deniers, ce qui est aussi un facteur positif pour les institutions financières américaines. Enfin, les sociétés financières américaines pourraient bénéficier de la déréglementation prévue par la nouvelle administration Trump.
Les obligations de qualité profitent de la baisse des taux d’intérêt
La baisse de l’inflation permet aux banques centrales de continuer à réduire les taux d’intérêt pour le moment. La baisse des taux d’intérêt est favorable aux obligations – raison pour laquelle ABN AMRO MeesPierson sur-pondère légèrement cette classe d’actifs. La banque privée souligne toutefois que la politique monétaire de la Fed pourrait diverger de celle de la BCE au fil du temps. La politique de Trump aura également un rôle à jouer. Les droits de douane sur les importations et les tensions sur le marché du travail pourraient entraîner un rebond de l’inflation américaine au cours du second semestre 2025. En Europe, le risque d’inflation est plus modéré, ce qui donne à la BCE une plus grande marge de manœuvre que la Fed pour continuer à réduire les taux d’intérêt.
ABN AMRO MeesPierson préfère donc les obligations européennes. La banque opte pour des obligations européennes de haute qualité, telles que des obligations d’État et des obligations d’entreprises dites « investment-grade ». Les obligations de qualité offrent des rendements solides et sont plus résistantes aux revers économiques. Les obligations plus risquées, telles que les obligations à haut rendement et les obligations des marchés émergents, sont jugées trop chères par la banque privée : les taux d’intérêt dans ces segments obligataires ne compensent pas suffisamment le risque.
Les risques géopolitiques pourraient alimenter l’inflation
Outre les incertitudes entourant les politiques de Trump, ABN AMRO MeesPierson voit des risques sur le plan géopolitique en 2025. La montée des tensions au Moyen-Orient pourrait faire grimper les prix du pétrole, et donc alimenter une hausse de l’inflation. Le creusement de la dette publique américaine est également une source d’inquiétude, bien que la banque privée souligne que ce risque concerne principalement le long terme. Joly déclare : « Une hausse des impôts est nécessaire pour réduire la dette colossale. Or, la volonté politique fait défaut pour le moment. »
Herlinde Rollez